Bienvenue dans mon jardin. Entre cuisine et spiritualité, l'île de la Réunion et le Monde, je vous invite au fil de la promenade, à partager mes passions, mes plaisirs et mes joies, mes nourritures terrestres et mes nourritures célestes.
7 Août 2018
L'attiéké est une semoule de manioc préparée à base de manioc fermenté et séché. Il constitue le plat national ivoirien et la nourriture de base de certaines populations qui vivent en brousse, comme par exemple les Avikam chez qui j'ai séjourné un moment en 1987 et qui demeurent entre océan et lagune, en bordure du golfe de Guinée, proche de la ville de Grand-Lahou.
Si vous voulez en savoir un peu plus sur les Avikam suivez le lien :
Fruit d'une longue préparation artisanale, l'attiéké se consomme comme une semoule de couscous avec du poisson ou des viandes frites, grillées, braisées ou encore séchées puis cuites en sauce, généralement avec de l'huile de palme ou de la "sauce graines", une préparation faite avec les graines broyées du palmier. Elle rend rouge le plat ainsi cuisiné.
En ce qui concerne la sauce graines ici quelques liens, mais sachez que vous pouvez vous la procurer en boite dans les commerces exotiques pour la Métropole et indiens à l'île de la Réunion.
Pour ce jour de mise à l'honneur de la Côte d'Ivoire, avec le blog de Sophie et son magnifique concept "cuisiner pour la paix", je suis très touchée de souhaiter aux habitants de ce pays, aujourd'hui si déchiré par un conflit politique, une joyeuse fête nationale et de présenter ma variante de l'attiéké poisson servi avec de l'aloko, des bananes frites et consommées avec une sauce au piment.
L'aloko peut se consommer en même temps que le plat de semoule et de poisson ou de viande. Il peut aussi être servi séparément. En Côte d'Ivoire, généralement on mange et achète l'aloko tous les soirs à des femmes et des enfants qui le cuisent sur le bord de la route, dans des sortes de grands woks, dans les rues des villes. C'est un peu comme on peut se procurer ici, à la Réunion, nos fameux samoussas et bonbons piments dans des camions bar. C'est ainsi que j'ai découvert dans les quartiers d'Abidjan, un soir de janvier 1987, en revenant de brousse, le goût délicieux du salé - sucré -pimenté des bananes servies dans des cornets fabriqués en papier journal. Je n'ai pas eu l'occasion de consommer de l'aloko en brousse.
Revenue chez moi, j'ai cuisiné ainsi des bananes à cuire, que nous Réunionnais avions l'habitude d'accommoder autrement. Et une trentaine d'années après, j'ai été heureuse, ce dernier week-end, de refaire cette recette en prévision de ce jour, 7 août 2018, fête nationale de la Côte d'Ivoire.
Ci-après, vous trouverez deux liens de mon blog sur la façon de cuisiner les bananes à la Réunion. Malheureusement ces bananes à cuire ( bananes rouges, bananes carrées ou bananes "malgaches" qui sont pour ces dernières les fameuses bananes plantain) ont tendance aujourd'hui, à disparaitre de notre terre réunionnaise et si on veut les cuisiner, notamment comme pour l'aloko qui nécessite des bananes plantain, il apparait plus facile, comme je m'amuse à le dire, de se prendre un billet d'avion pour Paris 18ème que de faire le tour des marchés réunionnais.
SOS lancé : que faisons nous de nos bananes d'autrefois?
Tarte Tatin aux caramboles et bananes flambées - Le jardin de Jacqueline
Caramboles et bananes : pour en savoir plus, cliquez sur les liens en mode page Tarte Tatin aux caramboles : les différentes étapes de sa préparation en images Et voici ma Recette : pour 6 perso...
Quand nos bananes deviennent nomades : suivez les liens - Le jardin de Jacqueline
Les Bananes sont devenues aujourd'hui internationales, bien qu'elles poussent et donnent surtout en pays tropical. Je vous propose un mini tour du monde pour voir comment on use des bananes ailleurs
Pour cuisiner pour la Côte d'Ivoire, je me suis replongée dans les carnets de voyage de ma jeunesse et j'ai ressorti avec beaucoup d'émotions des souvenirs et des photos.
Pour la pause dessert, je vous proposerai quelques images de mon séjour à Kokou, petit village au bord de la lagune avikam. Auparavant voyons ma recette de l'attiéké poisson et aloko que j'ai du adapter en fonction des produits locaux ou d'importation dont j'ai pu disposer ici, dans mon île.
J'ai cuisiné l'attiéké, le poisson et l'aloko séparément. Je me suis accrochée à mes souvenirs, laissée portér par les propositions de quelques blogs de cuisine ivoirienne et j'ai suivi mon intuition.
Alors, allons-y :
Ma liste d'ingrédients pour 6 personnes :
1- La semoule :
1 paquet et demi de semoule de manioc fermenté (ne pas utiliser de farine de manioc qui est autre chose et qui ne donnerait pas le même résultat).
N'ayant pu trouver dans les commerces de l'île de l'attiéké spécifique de la Côte d'Ivoire vendu généralement en paquets comme toutes les semoules, j'ai du me rabattre sur de l'attiéké-gari vendu dans une épicerie indienne. C'est le même type de semoule que l'attiéké mais dont la préparation diffère sensiblement : pour l'attiéké le manioc est broyé, vanné, séché au soleil après fermentation, alors que pour le gari spécifique d'autres pays africains comme le Bénin, le Ghana, le Nigéria, le manioc broyé après fermentation est désséché au feu. Tout ceci demande de longues préparations sur plusieurs jours. Pour en savoir plus suivez le lien :
Manioc - Culture, préparations et recettes à base de manioc
Le manioc est actuellement la base de l'alimentation de nombreux pays africains. Le manioc est sans gluten.
Suite de ma liste d'ingrédients:
2 - Pour le poisson et la sauce d'accompagnement
- 1 ou 2 poissons entiers ( 1kg 500 environ : comptez 200 à 250 grammes par personne). Normalement les Ivoiriens cuisinent la dorade ou le tilapia, j'ai choisi du grenadier.
- 4 à 5, voire 6 gros oignons dont un beau pour décorer.
- 6 à 7 tomates pour faire de la sauce et 3 belles tomates rondes pour décorer.
- Une ou deux têtes d'ail.
- Quelques bons morceaux de gingembre.
- Un morceau de curcuma de mon jardin.
- Des piments ( selon votre goût, si vous aimez ou tolérez ou pas le piment ), j'ai utilisé une bonne pognée de piments verts récoltés dans mon jardin.
- Environ 2 bouillons cube ( j'en ai utilisé aux herbes).
- Du poivre en grains.
- Du sel.
- Un mélange d'épices en poudre pour grillade.
- Du persil auquel j'ai rajouté de l'aneth de mon jardin et des belles feuilles de salade pour décorer.
- Le jus d'un ou 2 citrons.
- Huile d'olive ( que j'ai préféré à l'huile de palme) pour l'assaisonnement et la cuisson
Ma liste d'ingrédients :
3 - Les bananes
Revenue bredouille de ma recherche aux bananes à cuire sur nos marchés locaux et n'en disposant pas chez moi, ni n'ayant trouvé chez mes voisins, j'ai utilisé des petites bananes un peu âpres quand elles ne sont pas encore bien mûres, qu'on appellent ici des "bananes figues" et qu'il m'arrive de faire cuire pour des desserts.
Comme elles sont plus petites que les bananes à cuire, j'en ai choisi deux par personnes, mais tout compte fait à la consommation, trois par personnes auraient été bienvenues.
Préparation des poissons :
Compter trois heures : deux heures pour macérer et trois quart d'heure de cuisson environ.
La macération peut se faire la veille.
Dans un grand récipient mettre les poissons sur lesquels vous aurez pris soin de faire des entailles pour y faire entrer la préparation.
Pour ce faire : pilez quelques morceaux de gingembre, 4 à 5 gousses d'ail, du poivre, quelques piments selon votre goût, du sel et un bouillon cube, j'ai rajouté un morceau de curcuma ; hachez un ou deux oignons en morceaux plus ou moins fin et écrasez les, rajouter du persil et de l'aneth (cette dernière facultative et à ma connaissance n'est pas utilisée dans la cuisine africaine, j'en ai beaucoup dans mon jardin en ce moment et j'en profite ; avec le poisson c'est un régal).
Badigeonnez les poissons de cette mixture à laquelle vous pouvez rajouter le jus d'un ou deux citrons selon votre goût, un peu d'huile d'olive et les épices pour grillade.
Laisser reposer.
Préparation de la sauce tomate
Pilez de l'ail, du gingembre, du poivre, du gros sel auquel vous pouvez rajouter des piments ( photo 1).
Coupez les tomates sauce et les oignons ( photo 2).
Puis faire revenir les ingrédients pilés et les oignons dans une casserole ( photo 3) .
Quand c'est bien revenu rajouter les tomates et le bouillon cube, laisser mijoter doucement pour obtenir une sauce onctueuse (photo 4) .
Cuisson des poissons :
Une bonne heure avant de passer à table, lorsque vous aurez commencé à préparer la sauce tomate, faites griller sur un barbecue ou au four, vos poissons, ou alors si vous optez pour la méthode de friture ivoirienne, passez les dans un peu de farine et faites les frire; ici j'ai choisi de les faire griller sur la planche de cuisson de mon four.
Si vous choisissez de faire comme moi : parez la plaque du four d'un papier cuisson et badigeonnez la d'huile de votre choix .
Enfournez pour 3/4 d'heure environ. Le poisson cuit assez vite.
Préparation de la semoule :
Quelle que soit la semoule de manioc fermentée que vous utiliserez, suivez les indications inscrites sur le paquet.
ici j'ai immergé comme indiqué, la quantité de semoule désirée dans de l'eau, puis je l'ai faite cuire à la vapeur, je n'ai pas utilisé de couscoussier mais le récipient vapeur de ma marmite à cuire le riz. Cela donne le même résultat.
Lorsque la semoule est cuite, environ 15 minutes, je l'ai laissé gonfler 5 minutes encore puis je l'ai égrainée avec une fourchette pour éviter qu'elle ne colle.
C'était le moment de servir avec le poisson.
Préparation et cuisson de l'aloko :
Pendant que la sauce tomates mijote, que le poisson cuit et que la semoule gonfle, occupez vous des bananes à faire frire.
Pelez les, couper les en morceaux plus ou moins gros, assaisonnez les de poivre et de sel et plongez les dans un bain d'huile. J'ai choisi de l'huile de pépins de raisin que j'utilise généralement pour mes fritures. Elle est plus digeste que les autres huiles. Vous pouvez aussi comme indiqué en cuisine ivoirienne utiliser l'huile d'arachide.
Lorsque les bananes deviennent dorées comme sur la photo, égouttez les sur un papier absorbant et servez les avec une sauce de piment, soit en apéritif, soit en accompagnement de l'attiéké et du poisson.
Ici nous les avons consommées en apéritif en attendant la suite.
Service :
Sortez votre plaque de poissons grillés.
Disposez autour des feuilles de salade verte, des rondelles de tomates, du persil et de l'aneth. Vous pouvez également rajouter des rondelles de citron.
Sur un ou deux côtés du plat, rajoutez la semoule égrainée.
Servir en accompagnement la sauce tomate chaude.
Et faites la joie de vos convives !
Ici je remercie mes amis, Arnaud, Benjamin, David, Jacqueline et Thérèse d'avoir bien volontiers joué les rôles de goûteurs et apprécié.
A table
Merci à Arnaud d'avoir prévu un dessert tropical: tarte tatin à la papaye et granité d'oranges tangor.
Pour clôturer sur quelques souvenirs de mon séjour à Kokou en 1987 :
Les enfants de Kokou et leurs sourires
Quelques liens qui m'ont inspirée pour réaliser cette recette
ATTIEKE et ALOKO POISSON! - Cooking Girl's
L'atieke est vendu ici (en europe) en sachet de 500g environ, frais ou congele.Pour un principal, il faut compter un sachet pour deux. Accompagne d'Aloko (comme dans la recette), un sachet pour 3 ...
http://cookinggirl.canalblog.com/archives/2008/01/15/7499483.html
Et si cela vous intéresse un peu d'érudition sur la médecine traditionnelle des Avikam
Un grand merci à ma chère Sophie pour sa belle initiative qui me permet de voyager dans ma cuisine.
Et à vous tous si vous êtes tentés par cette recette au fond facile à faire et diététique, bon appétit !!!
La prochaine fois nous quitterons l'Afrique pour l'Europe de l'Est, via l'Afghanistan.
Votre tour du monde culinaire pour la paix - La Tendresse En Cuisine
Vous voulez faire votre tour du monde culinaire pour la paix ? C'est possible, je suis en train de faire mon 3e tour du monde culinaire pour saluer les habitants de la planète... Le jour des fête...
https://www.latendresseencuisine.com/votre-tour-du-monde-culinaire/